Compte-rendu de la Conférence donnée par Laurent PAUL,
Chef du service d’études des politiques de finances publiques à la Banque de France
Monsieur PAUL a notamment abordé trois thèmes : en premier lieu, les déséquilibres majeurs révélés par la crise économique ; en second lieu, la durée de la crise ; et enfin, l'issue de celle-ci.
−Le premier volet de l'intervention a consisté à montrer que la crise financière est révélatrice de déséquilibres économiques majeurs.
Ces derniers se sont traduits par une hausse générale et excessive de l’endettement. Pour les ménages, l'endettement a été stimulé par la hausse des prix de l'immobilier, le bas niveau des taux d'intérêt et la faiblesse des marges prises par les prêteurs. Au niveau mondial, le déséquilibre provient d'une mauvaise allocation de l'épargne. Le détonateur a été un cumul inédit de chocs macroéconomiques (dollar, pétrole, immobilier).
−Le second volet a été consacré à la durée de la sortie de la crise. Sur ce point, il faut noter que plusieurs éléments laissent présager que la sortie de crise sera longue.
D'une part, la crise touche tous les pays, tous les actifs et tous les agents économiques. Le processus de désendettement risque ainsi de conduire à une déflation généralisée comparable à celle de 1929.
D'autre part, la crise du système financier s'ajoute à la crise économique. Le retournement des prix d'actifs qui a fortement affecté les banques a fait de ces dernières des vecteurs essentiels de la contagion de la crise au niveau international.
−Le troisième volet a porté sur les modalités de la sortie de crise.
Parmi les mesures d’urgence qui peuvent être envisagées pour sauver le secteur financier figurent la reprise des actifs douteux, la garantie des opérations interbancaires, ainsi que la recapitalisation des banques. Un soutien de la demande par une politique monétaire et/ou une politique budgétaire serait également envisageable. Cependant, ces politiques sont limitées pour les pays de la zone euro. La politique monétaire ne relève en effet plus des États mais de la Banque centrale européenne. Quant à la politique budgétaire, elle apparaît comme un ultime recours en raison du niveau des déficits qui est déjà important de la plupart des pays de cette zone.
Enfin, les actions à moyen terme envisageables portent sur des réformes structurelles telles que le renforcement de la régulation du secteur financier, la résorption des déséquilibres structurels ou encore la relance de l'investissement public et privé.
L'intervention de Monsieur PAUL a été suivie de nombreuses questions avec le public présent.
Il a été prévu d'organiser, le cas échéant, une nouvelle conférence sur le sujet en fin d'année universitaire 2008-2009 pour analyser l'évolution de cette crise financière.
Compte-rendu par William Gilles
Maître de conférences à l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne
Chargé de mission à FONDAFIP